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Carrefour méditerranéen, la Sardaigne a été occupée par de nombreuses civilisations étrangères, des Phéniciens aux Carthaginois, des Romains aux Aragonais. Mais elle n'a jamais laissé aucun envahisseur s'emparer de son centre montagneux, resté le sanctuaire de la culture sarde.
Le peuplement de la Sardaigne est très ancien. Jusqu'à 1500 av. J.-C., plusieurs cultures se succèdent, dénommées d'après le site le plus important qu'elles lèguent à la postérité. Comme la Bretagne, l'île se couvre de dolmens et de menhirs. Certains de ces menhirs sont anthropomorphes : des yeux ou une bouche leur donnent un début d'apparence humaine. Ils sont parfois munis d'armes grossièrement sculptées dans la pierre, un poignard par exemple.
La véritable naissance de la civilisation sarde se produit il y a environ trente-cinq siècles. C'est alors que les autochtones se mettent à élever de curieuses constructions en pierre sèche, de forme circulaire, pouvant atteindre 10 m de hauteur, voire davantage. Ce sont les célèbres nuraghi. La Sardaigne en compte encore plus de 7 000. Les nuraghi ont une fonction religieuse, mais aussi de défense. Des huttes en pierre sont construites dans leur périmètre de protection, où s'établit la population. Les nuraghi seront construits jusqu'en 500 av. J.-C. Les derniers possèdent un système de couloirs souterrains, probablement mis au point pour faire face aux épisodes répétés d'invasion.
En 1000 av. J.-C. arrivent les Phéniciens. Ils s'installent sur les côtes et développent quelques colonies portuaires comme Nora - peut-être la première ville fondée en Sardaigne -, Tharros, Bosa ou Karalis (future Cagliari). Grands commerçants, ils exportent dans toute la Méditerranée le plomb et l'argent qu'ils tirent des mines espagnoles. La Sardaigne leur sert de relais entre leurs divers comptoirs, mais ils y trouvent vite, également, un intérêt économique, exploitant les mines locales, le corail, abondant sur la côte occidentale, ainsi que le sel.
L'île est riche d'un produit que l'on a appelé l'or noir de l'Antiquité. Il s'agit de l'obsidienne, pierre d'origine volcanique qui peut être facilement débitée en lames coupantes et que l'on utilisait alors à des fins guerrières. Elle fournit notamment d'inégalables pointes de flèche. Le mont Arci, près d'Oristano, en possède un très riche gisement. Une production contemporaine de bijoux de luxe en obsidienne vient d'être lancée. Ses créations se trouvent chez les principaux orfèvres de l'île.
Soumis par les Perses, les Phéniciens abandonnent la Sardaigne. C'est l'une de leurs colonies, Carthage, en Afrique du Nord, qui prendra le relais. Les premiers colons arrivent autour de 550 av. J.-C. et établissent des comptoirs, surtout dans l'ouest de l'île. La conquête est l'oeuvre du général Malcus. Quelques années plus tard, les célèbres Hasdrubal et Hamilcar portent l'opération à son terme. Pas tout à fait, en réalité, car l'intérieur de l'île leur restera toujours hostile. Quant à la partie orientale, elle demeure sous la convoitise des Etrusques, qui y avaient établi des bases dès le IXe siècle av. J.-C., et des Grecs, qui y fondent Olbia en 542 av. J.-C. Les Phéniciens font de la Sardaigne un grenier à blé. Ils interdisent, sous peine de mort, la plantation d'arbres dans la grande plaine du Sud-Ouest, le Campidano, qui doit être exclusivement consacrée à la culture des céréales. Ces précautions leur serviront lorsque la Libye, autre fournisseur important de blé, refusera de leur payer tribut.
Qui dit Carthage dit Rome… Un modus vivendi avait conduit à un partage de la Méditerranée italienne. A Carthage la Sardaigne, à Rome la Sicile. Cependant, inquiets de la puissance de leurs rivaux d'Afrique du Nord, les Romains s'emparent de l'île en 238 av. J.-C., trois ans après la fin de la première guerre punique, profitant de dissensions au sein des contingents de mercenaires carthaginois. Ils développent les infrastructures, créent des routes et des ponts, et poursuivent l'exploitation intensive du blé : pour Cicéron, la Sardaigne doit être, autant que la Tunisie ou la Sicile, le grenier à blé de Rome, d'où son importance stratégique. Pourtant, pas plus que les unités carthaginoises les légions n'arriveront à soumettre le centre de l'île. Les indomptables populations des montagnes, qui trouvent dans l'élevage leur ressource principale, seront qualifiées de « civitates barbariae », ou peuple barbare, d'où est issu le nom actuel de la Barbagia.
Plus systématiques que les Phéniciens, les Romains exploiteront toutes les ressources du sous-sol insulaire, notamment dans le Sud-Ouest, la région la plus riche à cet égard. De Rome, on envoie les indésirables ad metalla, c'est-à-dire trimer dans les mines sardes. Dirigée au début du IIe siècle av. J.-C. par Caton le Censeur, la Sardaigne connaît cependant sa plus grande prospérité dans le premier siècle de l'empire. Le gouverneur, basé à Cagliari, contrôle la Sardaigne et la Corse, qui constituent la deuxième province. Il voit affluer les chrétiens déportés de l'Urbs. Certains finiront sur la liste des martyrs, mais l'un d'entre eux deviendra le pape Calixte II. Arrivent également des colonies juives, expulsées par Tibère, ou des déportés politiques.
A la chute de Rome en 476, la Sardaigne subit l'invasion des Vandales et leur domination pendant quelques décennies. De culte arien, les Vandales renforcent involontairement le christianisme sur l'île puisqu'ils y déportent nombre d'évêques d'Afrique du Nord, où est centré leur pouvoir. Son destin rattache la Sardaigne plus naturellement à l'empire d'Orient. Pourtant, les liens sont distendus et Justinien n'arrivera jamais à contrôler de façon satisfaisante cette dépendance lointaine. Sur un point, cependant, Byzance aura une influence notable : des moines venus d'Anatolie et de Cappadoce s'installent dans l'île. Le mysticisme oriental conservera jusqu'à nos jours une forte emprise sur la religiosité sarde. Constantin devient même l'un des saints les plus vénérés.
Pour le reste, la Sardaigne doit compter sur ses propres forces face aux incursions sarrasines. De nombreux Sardes, faits prisonniers, sont revendus comme esclaves sur les marchés d'Afrique du Nord. Cagliari est dévastée à plusieurs reprises au IXe siècle. Le haut Moyen Age est une période troublée, les cités se dépeuplent, les voies romaines tombent à l'abandon. Au tournant du millénaire, l'île, indépendante de fait, est divisée en quatre régions, dirigées par des « giudici », ou juges. Ce sont le Logudoro au nord-ouest, la Gallura au nord-est (actuelle Costa Smeralda), Arborea à l'ouest et Cagliari au sud. Le pape voit d'un mauvais oeil l'autonomie de la Sardaigne et, surtout, sa foi peu catholique, mâtinée d'un paganisme ancestral et d'une ferveur trop influencée par l'Eglise d'Orient. Il envoie des moines bénédictins et favorise ensuite les visées des Génois et des Pisans, qui y établissent des têtes de pont, officiellement pour favoriser le prosélytisme et chasser les Arabes - avec des incursions pour les déloger des Baléares -, plus prosaïquement pour asseoir leur pouvoir en Méditerranée occidentale et s'assurer des revenus.
Lassé des rivalités entre les deux républiques maritimes, le pape accorde son soutien au souverain d'Aragon, Jacques II, en 1297. Un quart de siècle plus tard, les soldats espagnols débarquent en Sardaigne. Après une campagne militaire efficace, les Aragonais connaissent des revers. La résistance, menée par l'un des quatre giudicati, celui d'Arborea, les réduit en 1374 à Alghero et à Cagliari. Assassinats et négociations de paix sauvent le roi d'Aragon, qui saura ensuite asseoir son pouvoir en partageant les terres conquises entre ses vassaux venus d'Espagne. Le système féodal, auquel la Sardaigne avait réussi à se soustraire jusqu'alors, s'installe de façon durable. Le giudicato d'Arborea ne se résout pas à la défaite : il n'est vaincu qu'en 1409 et se soulèvera une nouvelle fois à la fin du siècle.
Malgré le départ des Espagnols au début du XVIIIe siècle, une colonie catalane a maintenu jusqu'à nos jours ses us et coutumes. C'est celle d'Alghero, sur la côte ouest de l'île. Admiré en son temps par Charles Quint, l'urbanisme reflète celui des cités cousines sur l'autre rive de la Grande Bleue. La population parle encore le catalan et s'adonne, comme il y a cinq siècles, à la pêche au corail. Autre communauté qui plonge ses racines dans le passé : celle des Ligures de Sant'Antioco. Spécialisés dans la pêche au thon, ils ont été invités sur l'île en 1738 et ont toujours conservé leur dialecte d'origine.
Le pouvoir espagnol va s'exercer pendant quatre siècles. Il est généralement perçu comme l'épisode le plus sombre de l'histoire sarde. Les cultures reculent, la famine devient une réalité récurrente. On donne quand même crédit aux Espagnols d'avoir créé les deux universités de Sardaigne, celles de Sassari et de Cagliari, et d'avoir favorisé, par leurs commandes fastueuses et grâce aux peintres qu'ils avaient fait venir d'Aragon, l'éclosion d'une école artistique locale de grande qualité, qui se manifestera surtout dans la production de retables. Un soulèvement à Sassari contre le monopole sur le tabac donne le coup d'envoi de la révolte anti-espagnole en 1709. Les grandes manoeuvres européennes se concluent par un changement de propriété. En 1713, à la paix d'Utrecht, la Sardaigne est attribuée à l'Autriche. Celle-ci ne la conservera que quelques années. En 1720, elle procède à un échange avec la dynastie des Savoie, qui gouverne le Piémont : Sicile contre Sardaigne…
Pendant quelques décennies, les souverains piémontais vont ignorer leur fief. Ils ne convoqueront même plus l'Assemblée insulaire comme ils s'étaient engagés à le faire. Il faudra la clairvoyance du Premier ministre de Carlo Emanuele III, Gian Lorenzo Bogino, à partir de 1743, pour que certaines réformes soient mises en oeuvre. Bogino prend notamment des mesures en faveur du peuplement de l'île en faisant venir des colonies de la péninsule. Dans la foulée, les deux universités sont rouvertes et l'italien est imposé comme langue officielle.
La Révolution est une période d'incertitude pour la Sardaigne. La plus grande partie de la population, réfractaire aux Savoie, est tout aussi opposée aux idées venues de France. Seule une petite frange suit avec enthousiasme les idéaux jacobins. Mais sans succès : son principal animateur, Angioy, après avoir dirigé une insurrection éphémère à Sassari, mourra, oublié, à Paris. Pour éviter de nouvelles flambées révolutionnaires, le gouvernement introduit au début du XIXe siècle des mesures énergiques. Comme en Grande-Bretagne avec le régime des enclosures, les propriétaires obtiennent le droit de clôturer leurs terres (décret des chiudende). Le traditionnel droit de pâture et de glanage concédé aux plus démunis est battu en brèche. On n'assiste pas pour autant à une augmentation significative de la productivité agricole, mais plutôt à une paupérisation des sans-terre, qui vont trouver dans le banditisme un moyen de s'assurer un revenu et de défendre leurs intérêts.
En 1847, l'union douanière est complète entre la Sardaigne et le Piémont. A défaut d'en tirer le moindre profit - ses quelques produits manufacturés subissent de plein fouet la concurrence -, la Sardaigne a au moins le mérite de lancer le processus de l'unification italienne. La seconde moitié du siècle est marquée par une crise persistante. On construit des chemins de fer, mais ils servent surtout à l'industrie des mines, seul secteur en expansion, financé en grande partie par le capital étranger, belge, français ou anglais. Les terribles conditions de travail produisent des révoltes ouvrières, écrasées par la police ou les milices locales, comme à Buggerru en 1904. Les autres productions souffrent du conflit économique entre l'Italie et la France, qui se traduit à la fin des années 1880 par une guerre des tarifs douaniers. Des catastrophes naturelles - invasions de sauterelles ou inondations - noircissent encore le tableau.
Pendant la Première Guerre mondiale, la réputation de la Sardaigne franchit les frontières par le mérite de la brigade Sassari, qui montre un comportement héroïque lors de la bataille du Piave. La paix revenue, on reparle d'indépendance ou, tout au moins, d'autonomie. Ce sera le combat du Parti sarde d'action, fondé en 1921 par Emilio Lussu. Sous Mussolini, les velléités de régionalisation sont évidemment étouffées. Le Duce entreprend une vaste campagne de travaux publics. Il fait voter la loi du milliard, qui accorde d'importants financements à la Sardaigne pour moderniser son réseau de voies de communication. Il lance une bonification agraire à grande échelle dans la région d'Oristano. Il donne enfin un coup de fouet à l'exploitation minière. Le but est clairement politique : il s'agit d'assurer à l'Italie une autarcie complète dans ce domaine. Une cité minière - Carbonia - est fondée en 1938 dans la région du Sulcis.
La Sardaigne est comme le massif central français : une usine à présidents de la République ! Depuis la proclamation de la république, en 1948, on en compte déjà deux. Le premier a été Antonio Segni. Originaire de Sassari, il joue un rôle essentiel dans la mise en place de la réforme agraire en 1949. Il démissionne en 1964 après deux ans de mandat pour raisons de santé. Le second a été Francesco Cossiga, également de Sassari. Connu pour son francparler, il a exercé son mandat de 1987 à 1994.
L'après-guerre marque un tournant dans l'histoire de la Sardaigne. Elle obtient enfin l'autonomie tant convoitée : en février 1948, elle devient une région autonome à statut spécial. même temps, un ennemi ancestral est vaincu avec l'aide de la fondation américaine Rockefeller. Il s'agit du paludisme. Une campagne efficace permet d'éradiquer l'anophèle et de rendre les côtes fréquentables. Les installations industrielles, désormais placées en concurrence indirecte avec le tourisme, se localisent dans quelques ports ou dans les principales villes de l'intérieur. Le problème du banditisme organisé, spécialisé dans le rapt de personnes, devient crucial. Des prisons spéciales sont construites à Nuoro et sur la pointe de l'Asinara (Nord-Ouest).
En 1974, le premier plan de renaissance économique arrive à son terme. Force est de constater qu'il n'a pas donné les résultats escomptés. Si l'île a réussi à maintenir un taux de croissance significatif, elle le doit au tourisme. Que de changements depuis les premiers vols charters vers Alghero en 1955 ! La Costa Smeralda est née. Les besoins en personnel, le développement des infrastructures, des hôtels, vont accélérer la « catastrophe anthropologique », terme qu'on emploie souvent pour la Sardaigne. En 1951, la moitié de la population active est employée dans l'agriculture. Jusqu'au seuil du troisième millénaire, à chaque génération ce chiffre sera divisé par deux. Aujourd'hui, à peine 11 % de la population travaille dans les champs. L'administration continue d'occuper une proportion beaucoup plus grande qu'ailleurs de la force de travail. Et l'industrie est en crise… En effet, 1974 ne signe pas seulement la fin du premier plan économique, mais aussi le contrecoup dela crise pétrolière. L'augmentation des prix du brut frappe de plein fouet le secteur pétrochimique, qui devait être l'oeillet à la boutonnière d'une nouvelle Sardaigne. Le conglomérat de l'homme d'affaires Nino Rovelli, qui contrôlait de nombreuses usines et les deux principaux quotidiens de l'île, fait faillite. Par un plan décidé en juin 1974, l'Etat injecte de nouveau 1 000 milliards de lires. La crise se fait sentir sur le plan politique. La Démocratie chrétienne, qui avait détenu le pouvoir pendant des décennies, doit quitter la présidence de la junte régionale en 1979. En 1980, elle n'en fait même plus partie. La croissance reprend jusqu'au début des années 1990, pour de nouveau ralentir. Forza Italia, la formation de Silvio Berlusconi, profite de la récession pour devenir le premier parti de l'île lors des élections de 1999. Mais, en 2004, Forza Italia essuie une défaite nette face à une coalition de centregauche, emmenée par l'entrepreneur Renato Soru, fondateur du portail Internet Tiscali. Les questions d'environnement occupent une place de plus en plus importante dans l'actualité. La mobilisation populaire a permis d'éviter que l'île ne devienne le lieu de dépôt des scories nucléaires italiennes. De son côté, Renato Soru a fait voter une loi interdisant de construire à moins de 2 km du rivage, ce qui lui a attiré l'inimitié des promoteurs. Et l'année 2006 a été marquée par la promulgation d'une nouvelle loi sur le paysage, qui interdit de nouvelles constructions à moins de deux kilomètres du littoral.