Le Sri Lanka offre l'exemple d'une cohabitation religieuse, accueillant, depuis des siècles, quatre grandes religions du monde : le bouddhisme (69 %), l'hindouisme (16 %), l'islam (8 %) et le christianisme (7 %). La religion occupe une place essentielle dans la vie des habitants ; en témoignent le nombre des édifices religieux et l'abondance des rituels qui rythment la vie du pays.
Le bouddhisme
Deux millénaires et demi d'une évolution autonome ont contribué à façonner une image originale du Sri Lanka, où le bouddhisme est devenu la marque identitaire d'une majorité de la population. Dès le IIIe siècle av. J.-C., un Etat fondé sur une étroite collaboration de la monarchie et de la communauté des moines (sangha) s'est mis en place autour de la cité d'Anuradhapura : une « royauté bouddhique ». Affronté à l'hindouisme, puis à l'islam, le bouddhisme disparaît de l'Inde dans les premiers siècles de notre ère. L'île de Lanka s'affirme alors comme le conservatoire de la tradition orthodoxe d'une école du Sud, la « doctrine des Anciens »(Theravada). Celle-ci s'oppose au bouddhisme métaphysique à vocation universelle du « Grand Véhicule » (Mahayana), qui se répand dans les écoles du Nord (Tibet, Chine, Japon, Asie du Sud-Est). Au cours des siècles, l'enseignement (dhamma) du Bouddha, délivré aux premiers disciples dans le « jardin des Gazelles » (Isipatana), près de Bénarès, est transmis par la communauté des moines (sangha). Dans les « Trois Joyaux » du Bouddha, du dhamma et du sangha, les fidèles trouvent le chemin des « Quatre Nobles Vérités », tel qu'il a été tracé par le fondateur du bouddhisme il y a deux mille cinq cents ans. Pour répondre à la réalité de la souffrance, ou plutôt de l'imperfection ou de l'insatisfaction (dukkha), il convient d'en saisir l'origine (samudaya), à savoir le désir. L'extinction de ce désir (nirodha) peut être obtenue en empruntant le « sentier du milieu »(magga), qui conduit sur les voies de la perfection et de la découverte de la vérité ultime, le nirvana. L'orthodoxie du bouddhisme sri-lankais n'exclut pas sa capacité à intégrer divinités et rituels issus d'autres courants religieux, en particulier de la religion populaire et de l'hindouisme. Il s'agit de proposer aux Cinghalais, par des fêtes, coutumes et pèlerinages, un champ institutionnalisé où ils puissent exprimer leurs problèmes quotidiens. Ne pouvant s'opposer à l'attirance des gens simples pour le culte des dieux, le bouddhisme choisit d'utiliser cette tendance et de l'assimiler. A côté de divinités locales, quatre dieux sont honorés : Vishnu, Kataragama ou Skanda, Saman et Vibhisana. On ne s'étonnera donc point de rencontrer le Bouddha partageant un même enclos sacré avec les divinités locales et les dieux venus de l'Inde...
L'hindouisme
L'arrivée dans le nord et l'est de l'île, au cours du premier millénaire, de populations de l'Inde du Sud s'est accompagnée d'une influence grandissante de la religion hindouiste : culte des dieux chez les bouddhistes cinghalais et pratique de l'hindouisme au sein des communautés tamoules. Emanation, au Ve siècle av. J.-C., du culte védique, l'hindouisme élabore, dans les épopées comme le Mahabharata (Ve-IIe siècle av. J.-C.) et le Ramayana (IVe siècle av. J.-C.), des conceptions marquées par l'idée du « dépassement de soi » pour parvenir à l'union avec la divinité. Le point fondamental réside dans la loi du karma, selon laquelle sont récoltés les fruits qui ont été semés dans une vie antérieure... Le panthéon hindou, avec ses « 33333 » dieux ( !), est dominé par la « Trinité suprême »(Trimurti) : Brahma le Créateur, Vishnu le Conservateur et Shiva le Destructeur.
L'islam
Les premiers contacts avec l'islam datent du VIIe siècle, avec l'arrivée de marchands arabes, qui utilisent les ports de Lanka comme comptoirs pour leur commerce avec l'Asie du Sud-Est.
Le christianisme
Les conversions furent l'oeuvre des colonisateurs portugais qui, parfois, ne reculèrent devant aucun moyen pour assurer la propagation de la foi catholique. N'étant pas accompagnés de leurs femmes, les soldats étaient incités à épouser les indigènes, ce qui assurait des combattants pour le futur, tout en accélérant la conquête spirituelle de l'île... Les Hollandais et les Anglais, adeptes du protestantisme, poursuivirent la tâche entreprise.