Plus de 90 % des Thaïlandais pratiquent le bouddhisme. Dans l'extrême sud, l'islam est majoritaire, mais il ne représente en tout que 3,8 % de la population du royaume. Les minorités ethniques des montagnes du Nord pratiquent le culte des esprits (animisme). Le bouddhisme pratiqué en Thaïlande est venu de Ceylan au XIIe siècle. Appelé Petit Véhicule, c'est une religion un peu différente du bouddhisme du dalaï lama, pratiqué au Tibet, au Vietnam ou en Corée. C'est plutôt une philosophie et une morale, un mode de vie qu'une religion. C'est un cadre souple où chacun peut tenter de faire son salut en acquérant, par de bonnes actions, des mérites qui lui vaudront une bonne réincarnation. Le nirvana, état de détachement et de non-être, permet d'échapper au cycle des renaissances successives. Traditionnellement, en Thaïlande, les hommes effectuent, au moins une fois dans leur vie, une retraite dans une pagode. Un prochain mariage, le décès d'un proche, une faute à racheter, une mauvaise action commise par un parent sont l'occasion d'une retraite de quelques jours, de quelques mois ou de quelques années : le nouveau moine se rase la tête, revêt la robe orange des bonzes, pratique la méditation, mendie sa nourriture le matin dans les rues et n'approche pas les femmes : il y a en tout 227 règles à respecter. Cette retraite vaudra à son auteur et aux membres de sa famille un crédit dans le bilan des bonnes et des mauvaises actions, le karma, qui entraîne après la mort une renaissance sous une forme ou sous une autre. Dans les grandes villes, où se développe un mode de vie plus occidental, cette tradition a tendance à disparaître. Mais, à la campagne, elle reste très vivace. Certains bonzes ont choisi de passer toute leur vie à étudier et à méditer. Mais ils sont toujours libres de quitter l'habit couleur safran - qui fait le moine thaïlandais - pour retourner à la vie civile. En dépit de cette souplesse, l'institution bouddhique, le sangha, est très organisée. Elle est dirigée par un patriarche nommé par le roi, qui est le « protecteur de la religion ». Quarante-cinq moines de haut rang, nommés à vie par le patriarche, forment un Conseil qui légifère en matière religieuse. Neuf moines nommés pour quatre ans assument une sorte de gouvernement. Il y a pratiquement une pagode dans chaque village, près de 30 000 dans l'ensemble du pays, et on en construit de nouvelles partout. La vie y est paisible. Il n'y a parfois que trois ou quatre moines et quelques novices. Les prières quotidiennes, les quatre jours fériés du mois lunaire, la fête annuelle du temple organisée par les villageois ou par les habitants du quartier, marquent le cours du temps. Les grandes pagodes sont plus actives. On y trouve en général un ou deux temples principaux (bot) et un figuier sacré ; des reliquaires en forme de bol de riz renversé surmonté d'une pointe représentant l'axe du monde, appelés chédi ou stupa; des dortoirs pour les moines de rang élevé; des pavillons de repos pour les voyageurs (sala) ; une bibliothèque et un crématoire. Les temples aux toits tourmentés, aux tuiles vernissées multicolores, aux murs couverts de mosaïques de verre, aux portes sculptées, contiennent les statues du Bouddha, que les fidèles recouvrent de fines feuilles d'or. L'ensemble est entouré d'un mur recouvert de stuc. La pagode a longtemps été au centre de la vie sociale. C'était à la fois l'auberge, l'école, le dispensaire, l'orphelinat et le lieu de réunion lorsqu'il se passait quelque Aujourd'hui, son rôle n'est plus le même : des écoles ont été construites dans presque tous les villages, des dispensaires dans les campagnes, des hôpitaux dans les villes. Mais l'apparition du sida et la peur qu'inspirent les malades ont créé de nouveaux besoins : certaines pagodes sont devenues le dernier refuge où viennent mourir des malades abandonnés de leurs proches.
La procession des bonzes
Dans les villages, et en particulier dans l'I-San, où la tradition est vivace, la procession des bonzes qui suivent en file indienne la diguette d'une rizière à l'abri de leur ombrelle est un spectacle qui récompense ceux qui se lèvent de bonne heure : le soleil levant jette des lueurs pâles sur le vert tendre du riz fraîchement repiqué et illumine la robe des moines. Les femmes, ceintes d'une écharpe, s'agenouillent à leur passage pour mettre un peu de riz dans une boîte de métal argenté qu'ils portent à la ceinture.
Les maisons des esprits
En Thaïlande les esprits doivent avoir aussi leur maison, sorte de pagode miniature posée sur un socle. La plus modeste hutte de village et l'hôtel ou la banque les plus modernes de Bangkok ont leur maison des esprits dont l'installation et l'inauguration correspondent à des rites précis. Des offrandes quotidiennes empêchent les esprits d'importuner les hommes.
Acquérir des mérites
Les Thaïs achètent des tortues et des poissons qu'ils relâchent dans le fleuve ou de petits oiseaux en cage qu'ils remettent en liberté : ils acquièrent ainsi des mérites, ce qui leur permettra une meilleure réincarnation dans une vie future… en attendant la délivrance finale du nirvana.