Après une volonté de mettre en valeur une culture « nationale », sous Nasser, le pouvoir, depuis les années 1980, ne se mêle plus guère de culture. Mais les artistes sont aujourd'hui en butte à une autre censure : celle des conservateurs musulmans, qui cherchent à interdire tout ce qui ne serait pas conforme à l'islam.
La littérature
L'Egypte se vante d'avoir donné naissance, physiquement et intellectuellement, au seul écrivain arabe couronné du prix Nobel : Naguib Mahfouz. Avec deux de ses contemporains, Taha Hussein et Tawfiq al-Hakim (aujourd'hui décédés), il a révolutionné la littérature égyptienne : les premiers, ils ont raconté, sans s'embarrasser de la narration arabe traditionnelle, la vie des petites gens. Leurs successeurs, Gamal al-Ghitany, Nabil Naoum, Sonallah Ibrahim pour ne citer qu'eux, inscrivent résolument leur oeuvre littéraire dans le quotidien de leurs contemporains. On y rencontre des hommes brisés par le régime nassérien, des femmes souffrant de la dureté du libéralisme économique et des êtres attachants, qui portent en eux la chaleur de l'Egypte.
La chanson
Oum Kalthoum reste, plus de vingt ans après sa mort, LA Diva. Son chignon, ses lunettes noires et surtout sa voix puissante sont à jamais gravés dans les mémoires égyptiennes. Il est difficile, encore aujourd'hui, de faire un pas sans entendre, sortie d'un transistor, une de ses interminables chansons. Si ce n'est elle, vous entendrez les célèbres Farid al-Atrache ou Adbel Halim Hafiz. La variété produite aujourd'hui (Amr Diab, Hakim, Mohamed Mounir), plus dansante, ne produit pas la même émotion. On aime aussi la musique baladi (« du pays ») des fêtes et des mariages.
Le cinéma
Youssef Chahine, Salah Abou Seif et les grands noms du cinéma égyptien ne doivent pas faire oublier que la production fut très longtemps plus quantitative que qualitative. Pendant des décennies, le cinéma égyptien inonda l'ensemble du monde arabe de ses films à l'eau de rose où l'on chantait, dansait et pleurait beaucoup. Aujourd'hui, l'argent va plutôt vers la télévision et les pays du Golfe. Youssef Chahine et ses fils et filles spirituels se voient contraints de chercher les coproductions, notamment avec la France, pour pouvoir tourner.